YouTube
Discord
t-shirt

Bah jn’d.

C’est par ces six lettres, un espace et une apostrophe que Monsieur Gérard Larcher, Président du Sénat, deuxième personnage de l’Etat français, démontra avec pertinence, synthétisme, et éclat, toute l’étendue de sa clairvoyance.

Gérard Larcher, homme politique,

Président du Sénat, numéro 2 de la République.

Photo non retouchée.

En ce matin du 7 mai 2022, journée de la cérémonie d’investiture d’Emmanuel Macron à l’Elysée pour son second mandat, Gérard ne se sent pas bien. Pour la première fois depuis 2019, Gérard a repris huit fois des œufs aux plats lors de son petit déjeuner, lui qui n’a pourtant pas pour habitude de prendre ce genre de garniture avec son pâté aux truffes et sa salade de gésiers. Aujourd’hui était cependant un jour spécial. Gérard avait été convié quelques jours plus tôt par le Président de la République lui-même, comme le veut la coutume, à la cérémonie d’investiture. Certes flatté de ces honneurs, le boulimique de la rue de Vaugirard n’en demeurait pas moins un fin connaisseur des protocoles républicains, lui qui, finalement, n’avait pas grand-chose d’autre à faire que d’étudier la Constitution entre deux oies farcies. Il savait que cet évènement rentrait en conflit avec son agenda stomacal. Forcé par les institutions à se tenir debout, immobile, tel un sujet de la Cour, devant l’officialisation de la prise de pouvoir du poudré d’Amiens, il savait que son quatrième repas du jour allait passer à l’as. Pressé par l’occurrence de ce problème existentiel, Gérard, homme politique, et donc prompt à la décision, décida de concaténer son déjeuner avec son petit déjeuner. C’est là la marque des grands. Tout à fait conscient des volumes gargantuesques que constitue sa collation moyenne, l’ogre du Sénat eut, ce matin-là, le courage de mille hommes. Il engloutit donc dès 8 heures du matin l’équivalent de 300 grammes de pâté aux truffes, 500 grammes de gésiers, huit œufs aux plats, un pain de quatre tartiné d’une livre de beurre demi-sel, douze escargots, et 500 grammes de ratatouille, car le ripailleur de Rambouillet insista pour manger équilibré.

Seulement, cette décision prise dans la panique et frappée du sceau de la peur de manquer avait une faille, celle de faire fi de la nature humaine de notre bonhomme Michelin politisé. Gérard en avait pourtant vu d’autres, mais ce tombereau de bouffe impromptu se déversant en à peine dix minutes ne pouvait être absorbé par son estomac, malgré tous ses efforts. C’est à 10 heures que les douleurs devinrent insupportables. Transpirant à grosses gouttes, le mastodonte de Flers desserra sa cravate, retira un bouton à sa chemise et à son pantalon, pour retrouver un peu d’aise. Que nenni, cela n’y fit rien. Les escargots précédemment ingurgités semblaient être retournés à la vie et chercher à sortir de leur geôle chlorhydrique. C’est à ce moment que les barrières intestinales de Gérard cédèrent. Pourtant pris de nausées à la seconde précédente, les flux s’étaient comme soudainement inversés, et l’ampoule rectale du sénateur venait de se remplir en moins de temps qu’il n’en faut pour dire Valérie Pécresse. Se levant précipitamment de sa table à manger, Gérard renversa son vase de café au sol qui se brisa avec fracas, et fila aux toilettes, arrachant au passage les tableaux des murs dans la panique. Plusieurs crimes furent alors commis à cet instant, nous rappelant les heures les plus sombres de notre Histoire. Une fois soulagé et libéré du poids de son forfait, le Pantagruel des Yvelines ressentit alors cette étrange sensation, cette épiphanie, ce vent du changement, comme s’il venait de découvrir et de percer les mystères de l’humanité. Dans un état second, sa main encore moite de l’effort se dirigea vers la poche de son pantalon baissé, en sortit son téléphone, et, comme guidée par sa volonté propre, tweeta ceci : Bah jn’d.

Désormais, plus rien ne sera comme avant. Il y aura un avant et un après Bah jn’d. Bah jn’d, plus que des mots, c’est un état d’esprit, un mode de vie, mieux, une religion. Vous êtes anxieux face à la guerre, au Covid, à la stagflation, aux pénuries ? Une seule réponse : Bah jn’d. Souhaitez Bah jn’d à vos proches tous les matins, et amenez-les, eux, et vous, vers la lumière. Disons Bah jn’d comme nous dirions bonjour. A travers bah jn’d, c’est l’avènement d’un nouvel ordre que nous voyons naître sous nos yeux. Nous nous rassemblerons derrière cet étendard, et nous, humains libres et éclairés, marcherons vers notre salut.


Bah jn’d à tous.


JD, le 17/05/2022